mercredi 1 juin 2016

Comparaison ou compassion

Aidons-nous mutuellement,
La charge des malheurs en sera plus légère ;
Le bien que l'on fait à son frère
Pour le mal que l'on souffre est un soulagement.
[...]
L'aveugle et le paralytique, Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)



Se retrouver entre patients du myélome, c’est toujours un peu comme se retrouver entre membres d'un club privé. Nous avons notre langage d’initiés. « Vous avez combien de milligrammes de Velcade aujourd’hui ? ». « Vous n’avez pas trop de neuropathies ? ».
On se soutient, on s’écoute mais très vite, mon ego s’en mêle, s’emmêle et je ne peux m’empêcher de faire des comparaisons, voire de porter des jugements parfois. Ce monsieur qui fume comme un pompier a eu une rémission plus longue que la mienne. Oui, mais sa femme l’a quitté en 2010 à cause de sa maladie et physiquement, il souffre bien plus que moi. Finalement qui de nous deux a eu le plus de chance ? 
J’arrive mieux désormais à déjouer les pièges de mon ego qui, anxieux, pas sûr de lui, en rajoute pour me faire croire qu’il a réponse tout et me rassure faussement. Et peu à peu j’arrive à le faire taire pour me concentrer sur l’essentiel : me réjouir pour ceux qui vont bien, ont de bonnes réponses au traitement (finalement, c’est aussi une bonne nouvelle pour tous), sourire à ceux qui vont mal, les écouter avec compassion mais sans ramener leur détresse à la maison (ça s’est encore un peu dur pour moi). 
Et surtout ne pas ruminer sur cette maladie qui est notre compagne désormais, nous laisse tranquille un moment avant de se réveiller à nouveau, nous obligeant à recommencer le cycle des traitements, toujours aussi lourds pour l’instant. Mais tout est relatif.
Hier, dans la salle d’attente, une femme patientait avant sa chimiothérapie. Cancer généralisé d’après la description qu’elle me faisait de ce qu’elle avait subi, de ce qui l’attendait.
A côté de cela, nos autogreffes de malades du myélome ressemblent à une simple étape à passer. Dont j’essaie de ne pas trop parler devant ceux pour qui c’est encore l’inconnu. Et s’ils me posent des questions, j’essaie de mettre en avant, les côtés les moins durs de la période d’aplasie.

Tout finit toujours par passer… et demain est un autre jour.
Le nouveau CHU d'Amiens, hall d'accueil
Une photo du magnifique blog d'Annick que je découvre aujourd'hui, avec plein de très belles autres photographies d'Amiens.

2 commentaires:

AnnickAmiens a dit…

Je découvre à tour ton blog. J'ai feuilleté plusieurs pages et je compte bien revenir. J'ai vu le mot Metz, Lorraine, une ville, une autre cathédrale que j'ai découvert il y a un peu plus d'un an.
Cathédrale d'Amiens (bien plus claire lorsqu'il fait soleil), couture, broderie, mais aussi amitié, écoute des autres ... des mots qui me parlent.
Cet accueil du nouvel hôpital est très joli. Ici travaillent de bons professeurs qui font des miracles.
Mes photos sont libres de droit, je suis heureuse qu'elles puissent ainsi servir et merci d'avoir mis mon lien.
A très bientôt
Annick

Marie Christine a dit…

Quel accueil !cela brille éblouissant je dirais!
L'histoire de ce Mr est assez habituelle,j'en ai entendue de semblable!
Une façon de voir ,une force quand même de caractère "il fume quand même"mon mari réagirait de cette façon également!
Quant a quitter son mari pour maladie est un autre domaine on ne sait pas tout!
Vas tu te faire soigner dans cet hôpital ?
Il y a un CHU a Strasbourg dont la réputation n'est pas au top!
Ne souffre tu pas trop d'entendre la maladie des autres,je veux dire par là n'y a t-il pas une panique qui s'installe ,une peur encore plus grande qui a elle seule peu engendrer une baisse de moral .
Belle journée a toi Hélène