mardi 24 mai 2016

Rouge tradition

C'est un motif symétrique trouvé dans l'ouvrage de Laurence Roque et Françoise Clozel, le Rouge traditionnel au point de croix (2001). Inspiré des broderies traditionnelles d'Alsace et du nord de l'Europe. J'ai remplacé des chiens qui se trouvaient en dessous des oiseaux par les initiales de la personne à qui j'ai offert ce petit coussinet. 

Cela m'a amusé de broder les lettres F F tête bêche, un peu comme sur un blason. Les oiseaux se regardent comme dans un miroir et les lettres se tournent le dos...

J'ai utilisé le DMC 498 (que j'aime beaucoup) sur un lin et doublure en kelsch Gander.

mercredi 18 mai 2016

Le marquoir de Marie Legendre, Metz, 1905

Je poursuis la présentation des reliques familiales de mon amie Nathalie.

Marie Legendre est une des sœurs de son grand-père paternel, riche paysan lorrain.

Née en 1895, Marie était sourde à la suite d'une maladie et avait été instruite dans une école spécialisée à Metz. Elle semble y avoir bénéficié d'un enseignement des travaux d'aiguille de qualité et avoir été une petite fille très soigneuse et appliquée. Comme en témoignent ces pièces brodées sur lin.

Un premier échantillon ni signé, ni daté : l'apprentissage de la régularité et du point de croix.
Exercice de frises sans doute réalisé par Marie, avant de faire son abécédaire ? Il y a en effet une certaine similitude entre les deux broderies : les frises un peu "grasses" rappellent les festons et les vagues de son marquoir (mises en valeur par l'utilisation d'un fil plus épais ou d'un point spécial, j'ai du mal à me rendre compte n'ayant pas vu l’œuvre en vrai).

La petite Marie réalise son marquoir l'année de ses 10 ans, en 1905. Ne pas oublier qu'à cette époque là, la Moselle est allemande !

 
1er registre : alphabet gothique, terminé par un point. Les lettres I et Y manquent. Date 1905.

Frise de grecques.

2e registre : alphabet majuscule droit, ancre, alphabet minuscule droit, terminé par un point. Toutes les lettres de l'alphabet sont présentes. Chiffres 1 à 9 et présence du zéro suivi d'un point. Petite frise feuillagée.

Frise épaisse de postes ou vagues, entre deux lignes.

3e registre : Prénom et Nom de la brodeuse, suivis d'un point : Marie Legendre. Lieu réalisation, suivi d'un point : Metz (utilisation de l'alphabet du 2e registre). Petite frise de postes.

Belle frise de festons.

4e registre : dernier alphabet en majuscules anglaises. Il manque les lettres I et R. Prénom et Nom de la brodeuse en lettres anglaises.

L'ouvrage est terminé par une double frise (un simple tour de croix continues et des lignes dentelées en haut et en bas, géométriques à droite et à gauche).

Étant donné la régularité de l'ouvrage, je pense que Marie était très encadrée dans la composition de son abécédaire. La seule "approximation" constatée concerne la grosse frise de festons commencée un peu trop bas : Marie a un peu manqué de place ensuite pour son troisième alphabet.
 
A noter également que l'absence de certaines lettres est fréquente dans les marquoirs.
 
Cet abécédaire ne suit pas vraiment le modèle habituel de l'école allemande et est en cela un témoignage très intéressant. Son autre particularité est la variation du rendu (avec des parties plus ou moins grasses).

vendredi 13 mai 2016

Cathédrale vegétale

Marie-Christine qui vient de créer son nouveau blog, Passion de fils, m'a gentiment dédié un article qui concerne la cathédrale de Strasbourg. J'ai étudié et travaillé dans cette ville jusqu'en 1999 et c'est vrai que j'aime beaucoup le quartier cathédral. Un peu moins l'ambiance à l'intérieur de cet édifice gothique que je trouve trop sombre à mon goût. 
Je préfère la douce lumière de la cathédrale d'Amiens. Là où j'habite désormais.

Ma vie urbaine ne me permettant pas toujours de me rendre dans un bois pour me ressourcer,  je vais souvent à la cathédrale. Je déambule dans la nef et la verticalité des colonnes me rappelle celle des arbres. La fraîcheur de la pierre me fait penser à celle des sous-bois. Et il suffit de regarder les sculptures un peu partout pour découvrir tout un monde végétal.

Voici quelques détails des portails, à l'extérieur.



  


Et à l'intérieur, j'aime lever les yeux très haut vers la magnifique frise qui court tout le long de la cathédrale sous le triforium aveugle, hommage du Moyen Age à la richesse agricole de la cité qui permit le financement de cet édifice sublime.






samedi 7 mai 2016

Humour et beauté

Je n'aime pas parler de bataille contre la maladie. Je sais que c'est pourtant un peu ce qui se passe à l'intérieur de mon corps quand la chimiothérapie attaque mes cellules mais je préfère parler de nettoyage, de purification, de régulation, de retour à l'harmonie. Les traitements sont déjà assez violents, pas la peine d'en rajouter avec du vocabulaire guerrier.
Et quand je le peux, j'essaie d'avoir de l'humour. Cela m'aide à faire passer beaucoup de choses.
Le premier protocole que j'ai suivi (et que j'ai été obligé d'arrêter car je ne le supportais pas), était un peu lourd alors pour me donner du courage, j'ai dessiné les boîtes de médicaments, les gélules, les comprimés, les piqures et rajouté des petites décorations...
 Et quand l'hématologue m'a annoncé que j'aurais peut-être une auto-greffe en septembre, je me suis fait plaisir en m'achetant ce gnome que j'avais repéré depuis longtemps. Et que l'ai baptisé Otto (comme auto-greffe !). Je l'aime bien avec son bouquet de violettes et son franc sourire. Il me donne un sacré coup de pouce les jours d'angoisse. Il a beau n'être qu'une figurine en résine (sans doute fabriquée en Chine), il m'évoque des tas de souvenirs... La maison des nains dans le village de ma grand-mère (une maison avec une toute petite porte dont la légende familiale racontait qu'elle était habitée par des nains qui creusaient les carrières à côté). Mon maître de musique qui parlait aux gnomes pour trouver des trèfles à 4 feuilles.
Et j'essaie le plus possible de me ressourcer dans la nature. Rien n'est plus reposant que de se laisser imprégner par toutes ces nuances de vert.
Quand je ne peux pas me rendre dans un bois ou une forêt, je descends une station avant l'hôpital afin d'emprunter ce petit chemin bordé d'arbres. Et au lieu de marcher sur le bitume, je profite du moelleux de la terre. 
Arrivée à l'hôpital, j'admire les plantes qu'ils laissent pousser aux abords de l'entrée. Un grand merci aux jardiniers qui rendent l'hôpital plus accueillant et moins minéral.