Je poursuis la présentation des reliques familiales de mon amie Nathalie.
Marie Legendre est une des sœurs
de son grand-père paternel, riche paysan lorrain.
Née en 1895, Marie était
sourde à la suite d'une maladie et avait été instruite dans une école spécialisée à
Metz. Elle semble y avoir bénéficié d'un enseignement des travaux d'aiguille de qualité et avoir été une petite fille très soigneuse et appliquée. Comme en témoignent ces pièces brodées sur lin.
Un premier échantillon ni signé, ni daté : l'apprentissage de la régularité et du point de croix.
Exercice de frises sans doute réalisé par Marie, avant de faire son abécédaire ? Il y a en effet une certaine similitude entre les deux broderies : les frises un peu "grasses" rappellent les festons et les vagues de son marquoir (mises en valeur par l'utilisation d'un fil plus épais ou d'un point spécial, j'ai du mal à me rendre compte n'ayant pas vu l’œuvre en vrai).
La petite Marie réalise son marquoir l'année de ses 10 ans, en 1905. Ne pas oublier qu'à cette époque là, la Moselle est allemande !
1er registre : alphabet gothique, terminé par un point. Les lettres I et Y manquent. Date 1905.
Frise de grecques.
2e registre : alphabet majuscule droit, ancre, alphabet minuscule droit, terminé par un point. Toutes les lettres de l'alphabet sont présentes. Chiffres 1 à 9 et présence du zéro suivi d'un point. Petite frise feuillagée.
Frise épaisse de postes ou vagues, entre deux lignes.
3e registre : Prénom et Nom de la brodeuse, suivis d'un point : Marie Legendre. Lieu réalisation, suivi d'un point : Metz (utilisation de l'alphabet du 2e registre). Petite frise de postes.
Belle frise de festons.
4e registre : dernier alphabet en majuscules anglaises. Il manque les lettres I et R. Prénom et Nom de la brodeuse en lettres anglaises.
L'ouvrage est terminé par une double frise (un simple tour de croix continues et des lignes dentelées en haut et en bas, géométriques à droite et à gauche).
Étant donné la régularité de l'ouvrage, je pense que Marie était très encadrée dans la composition de son abécédaire. La seule "approximation" constatée concerne la grosse frise de festons commencée un peu trop bas : Marie a un peu manqué de place ensuite pour son troisième alphabet.
A noter également que l'absence de certaines lettres est fréquente dans les marquoirs.
Cet abécédaire ne suit pas vraiment le modèle habituel de l'école allemande et est en cela un témoignage très intéressant. Son autre particularité est la variation du rendu (avec des parties plus ou moins grasses).