mardi 28 décembre 2010

Les harpes de ma vie, n°1



C'est l'histoire d'un harpe fabriquée par le luthier Smith et achetée à Londres par un harpiste hors norme, Régis Chenut. Un jour, il revend l'instrument à une école de musique et crée une des premières (si ce n'est la première) classe de harpe celtique en Alsace.

Beaucoup d'enfants viennent chaque semaine montrer leurs progrès sur cette harpe et perfectionner leur technique avec un professeur. Ma soeur est la première de la famille à s'y essayer puis abandonne, plus douée pour le dessin que pour la musique.
Je prends le relais, pratiquant la harpe celtique en même temps que le piano puis uniquement la harpe celtique avec Aude Gary et Mariette Laurie.
Régis Chenut m'ayant accepté comme élève, je quitte l'école de musique avant d'y revenir moi-même comme professeur. Après quelques dernières années de service, la harpe Smith prends sa retraite chez moi : elle n'était plus en assez bonne forme pour supporter les doigts pas toujours délicats de dizaine d'enfants.
Voyez dans quel état, elle se trouve aujourd'hui.

Elle a fait des tas de chutes qui ont laissé des cicatrices sur sa caisse de résonance et ailleurs.

Sur la table d'harmonie, on trouve la trace probable d'une chute de pupitre patinée par les années. Presque fossilisée.

Son décor géométrique de marqueterie se décolle un peu mais reste magnifique.

Ses palettes usées (montées, elles augmentent la note d'un demi-ton) dénaturent le son.

L'instrument tant de fois accordé, est griffé par des dérapages de clés d'accord.

La console se fissure dangereusement à la jointure avec la colonne. C'est sa blessure la plus grave et qui m'inquiète le plus.

Son état étant tout de même stationnaire depuis des années, j'ai décidé de lui offrir une nouvelle vie de musique ! Je vous raconterai la prochaine fois.

dimanche 26 décembre 2010

Cadeau

Un joli tissu kelsch pour la doublure.

Un modèle offert par 123 citrouille brodé sur lin Gander avec du DMC 498 dont je suis inconditionnelle...

Et voici un cadeau fait maison que j'ai confié au père Noël de la poste !
En arrière fond, un patron de canivet en papier. Je sais que vous êtes nombreuses à en rechercher. Moi, j'en ai quatre à faire mais le courage me manque pour m'y mettre...

vendredi 24 décembre 2010

Joyeux Noël

Parce que le mauvais temps m'empêche de fêter Noël en Alsace, dans ma famille, j'ai eu envie de publier aujourd'hui un petit texte inspiré par l'histoire de ma mère (et de mon père). Une façon de leur dire qu'ils sont présents en permanence dans mon coeur et pas seulement le soir de Noël...

Les choses ne se sont peut-être pas tout à fait passées comme cela, ma mère ne ressemblait peut-être pas exactement à cette jeune femme mais qui sait...


A mes parents

Comme tous les jours, à peu près à la même heure, elle sort du lycée d’un pas assuré. Sa démarche est élégante et ses talons martèlent le bitume humide. La nuit tombe vite en cette période de l’année. Elle relève le col de son imperméable pour avoir moins froid mais l’odeur acre du cigare qui imprègne ses vêtements la prend à la gorge.

- Sacré proviseur, il aura ma peau à force d’enfumer ainsi mon bureau, se dit-elle en accélérant la cadence de ses pas.

Tout en marchant, elle revoit les volutes de fumée qui aujourd’hui encore, ont envahi petit à petit le secrétariat qu’elle occupe avec Nicole, la seconde assistante. L’air frais lui fait du bien. Il imprègne toutes les fibres de ses vêtements, chasse cette mauvaise odeur de tabac. Elle se sent revivre.

Aujourd’hui, elle a décidé de faire un petit détour par la ville où il n’y a déjà plus grand monde. Elle doit se hâter car les boutiques ferment dans peu de temps. Elle n’aurait pas du essayer de finir à tout prix le classement des dossiers de demande de bourse. Il faut toujours qu’elle se fixe des objectifs impossibles à tenir pendant que Nicole fait semblant de taper des courriers en feuilletant des magasines de mode. Voilà qu’elle n’a plus que quelques minutes pour trouver un galon de satin assorti au tissu de sa future robe. Celle qui l’occupe chaque soir jusqu’à plus d’heures depuis de nombreuses semaines.

Madame Armande reconnait cette jeune femme effacée à son chignon qui lui donne une allure si distinguée. Elle vient souvent au rayon mercerie du " Bon Marché " pour y trouver quelque tissu ou ruban. Parfois, elle repart simplement avec un écheveau de fil à broder dont elle a aimé la couleur mais la plupart du temps, elle achète du tissu au mètre qu’elle transforme en magnifiques vêtements. Madame Armande aime servir cette cliente qui sait toujours ce qu’elle veut sans pour autant être capricieuse.

- Bonjour, Mademoiselle. Je vous laisse regarder comme d’habitude ?

- Non, aujourd’hui je cherche quelque chose de précis. Pourriez-vous mes montrer les galons ? J’en cherche un dans les bleus émeraude. C’est pour égayer la robe que je confectionne actuellement avec ce tissu-ci, dit-elle en lui désignant une magnifique mousseline vaporeuse.

- Ah oui, je me souviens. Vous aviez acheté ce tissu pour confectionner une robe de soirée.

- Oui, tout à fait mais elle ne me plait pas, je la trouve trop austère.

- Ne vous inquiétez pas, je vais vous trouver ce qu’il vous faut. Je viens de rentrer quelques rubans de notre fournisseur parisien. Regardez celui-ci par exemple, ou celui-là.

Elle n’avait pas été longue à trouver le ruban dont elle avait rêvé, douce alchimie de dentelle et de satin, entre le vert et le bleu. Elle était impatiente de rentrer et de reprendre son ouvrage.

Elle avait mangé vite, en compagnie de ses parents et la cuisine était maintenant son domaine. Sa petite sœur était allée se coucher, non sans rechigner. Pourquoi fallait-il laisser Odette tranquille quand elle installait sa machine à coudre ? Même ses parents se retiraient dans leur chambre. Dans l’immeuble endormi, le bruit régulier de la Singer chuchotait une petite musique de nuit. Concentrée, énervée parfois, la jeune femme ne voyait pas le temps passer. La fatigue ne l’arrêtait pas, au contraire, elle avait souvent des idées après minuit quand, dans une sorte d’état second, son intuition lui parlait. Alors, satisfaite, elle rangeait son atelier improvisé et s’endormait heureuse. Elle savait exactement à quoi allait ressembler sa robe et comment elle allait poursuivre son ouvrage le lendemain soir. Heureusement car il ne restait plus que trois jours avant le bal municipal !

Ce fameux bal, où elle allait rencontrer Marcel, mon père.


Joyeux Noël à tous !


dimanche 19 décembre 2010

Echange de Noël, suite


Laurence ignorait que j'ai la manie des carnets mais elle me connaissait suffisamment pour savoir qu'un répertoire médiéval allait me charmer.
Mais qu'y noter puisque j'ai déjà un petit carnet d'adresses ?
En ce moment, je passe mon temps à ranger des partitions. Je me suis dit : pourquoi ne pas répertorier mes morceaux de musique médiévale et irlandaise par titre ? Et voilà, j'ai déjà commencé et suis très motivée pour continuer.
Tout cela se marie très bien !

Laurence a également brodé une miniature très jolie (modèle Françoise Prax) montée sur un range-fils réalisé par son oncle. Délicat et rustique en même temps. Seulement, la star ne se laisse pas photographier ce soir alors j'ai volé la photo sur le blog de Laurence (je sais qu'elle me pardonnera !)

vendredi 17 décembre 2010

Echange de Noël


J'ai tout de suite été partante cette année pour un échange de cadeaux avec Laurence, dont l'un devait être brodé.
Voici mon choix... Un free de Drawn Thread, brodé en fils de soie aux couleurs passées et monté en pinkeep.
Ce que j'aime dans ce modèle, c'est le contraste entre les sapins enneigés dans le paysage hivernal et le sapin décoré devant la maison. Le contraste entre naturel et artificiel.
J'ai pour ma part été très gâtée par Laurence mais je vous montrerai ça dans un prochain article, j'espère avant Noël !

dimanche 5 décembre 2010

Prélude à la harpe


Pas facile de parler de la harpe celtique sans tomber dans la caricature d'un univers fantasy où des filles rousses lancent des sortilèges en faisant vibrer les cordes de leur instrument. Même si cela m'a séduit à une époque, je trouve que depuis quelques temps, il y a un peu trop de clones de Loreena Mc Kennit et cela m'agace. Surtout quand elles jouent sans technique, sur des harpes très joliment décorées d'entrelacs celtes mais à l'acoustique douteuse. Quand j'ai commencé à jouer de la harpe celtique, c'était un instrument peu pratiqué (à part en Bretagne) et je déplore que sa vulgarisation sente aujourd'hui un peu trop le marketing. Signe d'époque...

J'éprouve le besoin d'exprimer ici tout ce que m'apporte la pratique de cet instrument qui pour moi, ne peut en aucun cas être limité au répertoire celtique aussi beau soit-il.
Avant l'invention de la harpe à pédales, cet instrument se nommait harpe, tout simplement.
Je vous en dirai plus dans un prochain article.