lundi 27 juin 2016

Piwie, bébé merle

Il a grandi dans son nid alors qu'il pleuvait et ne faisait pas très chaud. Puis, comme tous les petits merles, est sorti de son lit douillet avant de savoir voler. Un peu perdu d'abord, trempé de pluie, il a fini par adopter notre appentis. 
 
Comme une poule dans son poulailler, il attend la becquée de ses parents, bien sagement sur son échelle.
 
Le soir, il essaie d'aller plus loin et teste, maladroit, la force de ses ailes.

Un jour, je l'espère, il sera un fier merle au chant vibrant et enchanteur sifflant le lever du soleil ou la venue du soir...





samedi 25 juin 2016

Le marquoir d'Anna Legendre, 1906


Soeur de Marie, née en 1896, un an après elle, Anna exécute également son marquoir l'année de ses 10 ans, en 1906.

Beaucoup plus simple que celui de sa soeur, il est brodé sur une toile à liseré, ce qui dispense de broder des frises pour finir l'ouvrage. Il est assez proche du modèle germanique.

Il débute par une frise de postes (ou vagues). Ce motif est parfois appelé chien assis.
Il ne comporte qu'un seul alphabet majuscules en lettres anglaises où il manque la lettre J.
Une série de chiffres de 1 à 9, suivi du zéro.
Un alphabet en minuscules anglaises où il manque la lettre J.
Une partie décorative avec un frise de 4 feuilles, une frise de 5 fleurs, un vase bouquet stylisé.
Le prénom et le nom de la brodeuse : Anna Legendre.
L'année de réalisation ; 1906.
Deux volutes dans les coins inférieurs.

Pas mal de maladresses, d'erreurs car, selon ma copine Nathalie, son ancêtre Anna n'était pas une passionnée des travaux d'aiguille. Je trouve cependant ce marquoir vivant, comme un dessin d'enfant. Le charme ne nait pas toujours de la perfection. A méditer...

Et une super idée d'encadrement par ma copine Nathalie qui a une âme de brocanteuse. Elle a trouvé cette vieille fenêtre sur un trottoir et malgré son poids, l'a sauvé de la benne à ordures. 
Un accord parfait !
 

dimanche 19 juin 2016

Pater familias


 Mon cher papa,


« Enfant,je me souviens… ». Le livre de l’Unicef que je t'ai offert et qui porte ce titre m’a donné l’idée d’évoquer des bribes d’autrefois.

Je ne sais pas pourquoi mais ce sont des souvenirs de voyage en voiture qui me sont revenus en premier. Quand la famille tout d’un coup se trouvait prisonnière dans l’habitacle encombré de la 304 puis (oh grand luxe !) de la R 18. C’était un huis clos souvent joyeux où j’étais la plus silencieuse et souvent pour me taquiner, tu faisais semblant de croire qu’on m’avait oubliée à la maison.

Te souviens-tu de l’arrivée en Provence quand tu nous faisais systématiquement écouter l’ouverture de l’Arlésienne de Bizet ? A force, cette musique me sortait un peu par les oreilles mais je dois bien avouer que mêlée au chant des cigales et à la lumière du midi, elle chantait le bonheur d’être bientôt arrivés à Saint-Roman-de-Malegarde.

Au retour, un autre rituel en chanson, comme souvent lorsque nous revenions de Lalaye. Te souviens-tu de la route sinueuse qui soudain surplombait la plaine d’Alsace, au détour d’un virage ? Quand il faisait beau, on avait l’impression de voir la mer et des petits bateaux blancs.

Alors tu entonnais :

« Quand j’entends le vent de la mer
Je pense aux caravelles »

J’avais beau savoir que c’était surréaliste, l’illusion d’optique était parfois saisissante. Adulte, il m’est arrivé de passer là-bas sans toi et de jeter un rapide coup d’œil sur cette mer imaginaire à la recherche de quelque caravelle ! Des fois que tu aies eu raison, guidé par tes rêves et tes musiques.

Merci pour ces beaux moments partagés, mon gentil papa. Ils restent éternels.

Une bonne fête à toi et à tous les papas !


jeudi 16 juin 2016

(Re)naissance

 La nature est extraordinaire. Alors qu'il était dénudé et mal en point, mon citronnier a décidé de faire de nouveaux bourgeons, et ce malgré un climat plutôt humide.
 Et pour la première fois, un couple de merles a décidé de nicher dans notre seringat. Un seul petit qui fait l'objet de toute leur attention (exactement comme nous avec notre fille !).

 Que de vivifiants présages qui me mènent tout doucement vers le temps des tilleuls odorants dont j'adore le parfum.
 Et après, il sera l'heure de mon autogreffe et de ma propre renaissance. 
J'y pense forcément en préparant mes affaires alors j'emmagasine les plus possible des moments simples et précieux. 
Leur souvenir m'aidera à tenir durant mon séjour en aplasie. 


mercredi 1 juin 2016

Comparaison ou compassion

Aidons-nous mutuellement,
La charge des malheurs en sera plus légère ;
Le bien que l'on fait à son frère
Pour le mal que l'on souffre est un soulagement.
[...]
L'aveugle et le paralytique, Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)



Se retrouver entre patients du myélome, c’est toujours un peu comme se retrouver entre membres d'un club privé. Nous avons notre langage d’initiés. « Vous avez combien de milligrammes de Velcade aujourd’hui ? ». « Vous n’avez pas trop de neuropathies ? ».
On se soutient, on s’écoute mais très vite, mon ego s’en mêle, s’emmêle et je ne peux m’empêcher de faire des comparaisons, voire de porter des jugements parfois. Ce monsieur qui fume comme un pompier a eu une rémission plus longue que la mienne. Oui, mais sa femme l’a quitté en 2010 à cause de sa maladie et physiquement, il souffre bien plus que moi. Finalement qui de nous deux a eu le plus de chance ? 
J’arrive mieux désormais à déjouer les pièges de mon ego qui, anxieux, pas sûr de lui, en rajoute pour me faire croire qu’il a réponse tout et me rassure faussement. Et peu à peu j’arrive à le faire taire pour me concentrer sur l’essentiel : me réjouir pour ceux qui vont bien, ont de bonnes réponses au traitement (finalement, c’est aussi une bonne nouvelle pour tous), sourire à ceux qui vont mal, les écouter avec compassion mais sans ramener leur détresse à la maison (ça s’est encore un peu dur pour moi). 
Et surtout ne pas ruminer sur cette maladie qui est notre compagne désormais, nous laisse tranquille un moment avant de se réveiller à nouveau, nous obligeant à recommencer le cycle des traitements, toujours aussi lourds pour l’instant. Mais tout est relatif.
Hier, dans la salle d’attente, une femme patientait avant sa chimiothérapie. Cancer généralisé d’après la description qu’elle me faisait de ce qu’elle avait subi, de ce qui l’attendait.
A côté de cela, nos autogreffes de malades du myélome ressemblent à une simple étape à passer. Dont j’essaie de ne pas trop parler devant ceux pour qui c’est encore l’inconnu. Et s’ils me posent des questions, j’essaie de mettre en avant, les côtés les moins durs de la période d’aplasie.

Tout finit toujours par passer… et demain est un autre jour.
Le nouveau CHU d'Amiens, hall d'accueil
Une photo du magnifique blog d'Annick que je découvre aujourd'hui, avec plein de très belles autres photographies d'Amiens.