vendredi 19 août 2016

Protège-mur

" Un élément ornant les intérieurs alsaciens et dont l'usage venait probablement d'Allemagne, était le Wandschoner "protège mur", morceau de tissu blanc brodé au fil rouge et au point de tige, destiné à protéger le papier peint des traces que pouvait laisser la tête d'une personne assise. Placé derrière le lit, du côté du mur, il souhaitait "Gute nacht ("Bonne nuit") aux propriétaires du lieu [...]."
Ils avaient aussi très souvent des thèmes religieux.


Le protège-mur présenté ici (qui appartient à la malle à trésors brodés de mon amie lorraine Nathalie), ne parle pas de doux sommeil mais au contraire, glorifie le labeur. Honte à ceux qui paressent un peu trop longtemps au lit !

J'aime mieux les maximes plus paisibles comme celle trouvée dans l'ouvrage L'Alsace brodée au point de tige (Francine Will-Zeil) :

Bonne nuit aux petits et grands, Dormez bien sans soucis (traduction approximative)

Ou les protèges-murs avec des anges gardiens veillant sur le sommeil.


Il se pourrait bien que je me lance dans un projet de ce type prochainement... Mais pas au point de tige. Je ne jure que par le point de croix !

vendredi 12 août 2016

Hélène dans un cadre

Premier marquoir entièrement composé par moi, je l'avais oublié au fond d'un tiroir.
Et pourtant, qu'est-ce qu'il rend bien encadré ! J'adore cette baguette qui se marie parfaitement avec la frise florale.

 
Et cet abécédaire avec des symboles chrétiens se plait avec le crucifix Napoléon III et le bénitier de de Notre Dame de Liesse.
J'ai bien envie d'inventer d'autres marquoirs d'autrefois... C'est plus compliqué que de suivre un diagramme tout prêt mais quel bonheur ensuite !
Surtout quand ces marquoirs racontent un peu une histoire oubliée. Ici, celle d'une personne qui a habité ma maison.


mercredi 10 août 2016

Retour d'aplasie

 Patio du service d'hématologie : quand enfin, on a le droit de sortir dans les couloirs !


Cette impression de revenir de loin, d’un drôle de monde clos avec les globules presque à zéro et le moral pas mieux.

Même si je savais que tout allait repartir (tôt ou tard), j’éprouvais une sorte de vertige à me sentir si faible, angoissée à l’idée de succomber à la moindre bactérie.

Tout ça parce qu’avant que les cellules souches de l’autogreffe fassent leur travail de restauration de la moelle osseuse (notre fabuleuse fabrique du sang) il me fallait survivre à la forte chimiothérapie subie deux jours avant.

Avant de planter de nouvelles graines, il est normal d’enlever d’abord les mauvaises herbes qui pourraient compromettre la récolte future. Et à l’hôpital, le «désherbant » utilisé ressemble plus à du Roundup qu’à du purin d’ortie bio. Il détruit tout. Même les abeilles.

Mon corps, mon cerveau semblent encore tiraillés entre les dégâts de la chimiothérapie et les réparations de l’autogreffe. Une sorte de lutte entre la vie et la mort où je me sens encore un peu chamboulée. Surtout qu’à l’hôpital, dans l’urgence de faire sortir les patients le plus vite possible d’aplasie, ils utilisent les grands moyens : transfusions de globules rouges, de plaquettes, injection de granocytes, pressions pour continuer à manger coûte que coûte. La lutte pour la vie ne peut pas se faire dans la dentelle. Je savais que cet acharnement était pour mon bien mais cela m’a un peu traumatisée.


Alors, je reprends tout doucement mon souffle. J’essaie d’oublier et parfois aussi de me rappeler, pour remercier dans le silence de mon cœur, ceux qui essaient de me sauver. Les chercheurs, les médecins, les infirmiers, les psychologues…

Et puis la vie m’envoie des signes. Des découvertes. Des émotions.

La voix de Bashung qui me happe littéralement. Alors qu’il se sait condamné, il semble habité par une incroyable sérénité. Cette énergie lumineuse, d’où vient-elle ?

Le témoignage du combat de Lydie sur France Culture (Les pieds sur terre) luttant durant 12 ans contre trois tumeurs au cerveau. En essayant de rester vivante, belle et joyeuse.

La découverte du livre de Mathias Malzieu, chanteur du groupe Dionysos, Journal d’un vampire en pyjama, relatant son aplasie médullaire. Son univers poétique, enfantin comme bouclier contre la maladie. Son expérience proche de la mienne mais en bien pire !

La rencontre d’autres malades avec d’autres cancers que le mien.

Toutes ces souffrances, tous ces courages qui m’aident à rester humble et à accepter de ne pas en avoir tout à fait fini avec la maladie...


Et d’essayer de vivre le mieux possible, sans me poser trop de questions.


Retour à plus de légèreté dès le prochain article...;-)