dimanche 15 décembre 2013

Crèche ou sapin ?

La tradition de la crèche remonterait à 335 après JC sous l'impulsion de l'impératrice Hélène mais tout au long du Moyen Age, ce sont seulement les églises, les monastères et quelques familles riches qui en possèdent. Il faut attendre le 19e siècle pour voir apparaître des crèches dans les foyers plus modestes.
L'arbre de Noël, symbole de renouveau au coeur de l'hiver, est d'abord érigé dans les corporations avant de prendre place, lui aussi, dans les maisons.

Chaque année, je prends plaisir à ressortir mes décorations de Noël et à en orner mon sapin. Je rajoute toujours une ou deux nouveautés : j'aime beaucoup les quelques flocons en bois ajouré que j'ai trouvé dans un grand magasin.
Je déplore que dans les marchés de Noël qui pullulent de manière artificielle, il y ait si peu de décorations de Noël ! Et encore moins de santons...
Voici ceux que nous achetions avec mon mari quand le marché de Noël de Strasbourg était encore le modeste "Chriskindelmärik". Chaque année, un ou deux de plus puis, nous les peignons nous-mêmes les longs dimanche de décembre.
Lorsqu'en 2012 j'ai appris que j'étais malade, j'ai demandé à mon parrain, Hubert Leiterer, artiste autodidacte, de me faire une crèche avec un ange harpiste ! J'adore l'étable qui laisse passer la lumière, les formes épurées, géométriques des personnages qui rappellent les années soixante dix.
Et bien sûr l'ange qui peut même poser sa harpe quand il est fatigué !

samedi 16 novembre 2013

Harpiste en herbe


Un message de Claire sur ce blog, une autre harpiste habitant Amiens, et nous avons pris l'habitude de nous rencontrer de temps en temps chez elle, pour jouer des duos. Simplement pour le plaisir... Elle fait sonner sa harpe à pédales trentenaire qu'elle a prénommé Lily (en hommage à Lily Laskine, évidemment). Sa fille Agathe me prête la sienne, une harpe Salvi Prima, 38 cordes, baptisée Claire (en hommage à sa maman, évidemment). 
Agathe a commencé son apprentissage cette année et elle avait du mal à me laisser sa harpe au début ! Alors pour la remercier de me céder son instrument  le temps d'une répétition, je lui ai brodé un petit sac pour y ranger sa clé d'accord, son accordeur, des cordes de rechange, que sais-je...
J'y ai brodé l'année pour qu'elle se souvienne du début de sa carrière d'harpiste. Je suis sûre qu'elle va très vite jouer avec nous ! Elle a déjà l'air très motivée.

Je lui ai aussi donné une petite composition que j'avais écrite en 1985 lorsque j'enseignais dans une école de musique. Tous mes élèves jouaient ce modeste morceau dès leur 2e ou 3e cours : c'était plus motivant que les exercices et aidait à bien placer les doigts. Il est intitulé Dentelles (c'est assez en harmonie avec mon blog, non ?) 
Vous pouvez l'imprimer et faire tourner cette ritournelle, si le coeur vous en dit. 

lundi 11 novembre 2013

La fin du poème


Ouf, ce n'est pas trop tôt... Je viens de broder le dernier vers du poème, La harpe. Il me restera à rajouter le nom de l'auteur, sans doute tout en haut. Je garde cela pour les finitions. J'ai eu ma dose de point de croix en un fil/un fil ! 


J'ai commencé à broder ma housse un peu au hasard et je me rends compte que la longue bande blanche à droite ne sera sans doute pas facile à remplir avec d'autres marquoirs complets. Pour le moment, je vais m'attaquer à la partie inférieure. Après, on verra bien.

A moins que je ne me laisse tenter par quelques réalisations pour Noël... De temps en temps, j'aime bien abandonner ma housse pour mieux y revenir.

jeudi 31 octobre 2013

Traditions de la Toussaint



Quand j'étais petite, Halloween n'était pas célébré en France et je déteste l'introduction commerciale et artificielle qui a été faite de cette fête de la veille de la Toussaint à coup de citrouilles fluo fabriquées en Chine ! 
Cette tradition a pourtant une noble origine dans le monde celtique qui m'est cher et souligne une relation ésotérique, magique avec le monde invisible qui n'avait rien de choquant autrefois. C'est ce que l'on découvre en se penchant sur d'anciennes coutumes.

 Dans les campagnes vosgiennes, par exemple, le 29 septembre (jour de la saint Michel), les bergers chargés de faire pâturer les vaches dans la montagne, devaient impérativement redescendre dans la vallée.Sinon, des lutins occupaient leur ferme ! Il semble que selon les anciens, surtout à partir du 1er novembre, il  ne fait pas bon de traîner le soir après 20h : les nuits longues sont en effet propices au retour des âmes des ancêtres. C'est une période qui s'ouvre sur le monde des esprits, des fées qui viennent visiter le monde des vivants. 

En 835, pour faire oublier les traditions païennes du nouvel an celtique, l'Eglise déplace la fête de la Toussaint (sorte de panthéon dédié à tous les saints) à cette période de l'année.
Odilon de Cluny, en 998, intègre dans le calendrier de Cluny, la fête des trépassés, le 2 novembre. Les anciens parlaient en effet de trépas et non de mort. Tré = à travers, pas = passer à travers la mort. Le trépas n'est pas la mort, le néant mais le passage vers une autre vie. D'où une relation possible entre ces deux mondes.

Et nous, que faisons nous désormais de toutes ces coutumes qui se télescopent, vidés de leur sens ?




samedi 19 octobre 2013

Mary Wigham en dentelles

Non, je ne l'avais pas laissé inachevée au fond d'un panier, la reproduction du marquoir de Mary Wigham réalisé à l'école Ackworth en 1790. Je la reprenais de temps en temps mais j'avais du mal à terminer le dernier coin gauche. Et à compléter par ci, par là, les initiales de la famille...

Très grande broderie que j'ai doublé de tissu et bordé de dentelles, sur deux côtés. 
Vais-je l'accrocher au mur, en faire une petite nappe ? J'ai toujours beaucoup de mal à trouver une finalité à mes broderies.

Ces marquoirs quaker me font toujours penser au travail du patchwork : assemblage très serré de motifs géométriques colorés et contrastés... On pourrait reproduire le motif à l'infini. Une idée pour une autre housse de harpe ?

jeudi 10 octobre 2013

Un ange passe

En souvenir d'une rencontre très spéciale à Amiens, non loin du célèbre ange pleureur de la cathédrale, j'ai confectionné ce pinkeep selon un modèle paru dans un des numéros du Marquoir. Un peu grassouillet l'ange mais je n'avais pas le temps d'en trouver un autre ! Et puis les anges ne sont pas toujours légers (n'est-ce pas Matin lumineux ?)
J'aime toujours autant broder des petits cadeaux pour les amies qui me sont chères. 
Petite récréation avant de poursuivre mes grandes broderies. 


samedi 28 septembre 2013

Un an...

Il y a un an, à la même heure, mes propres cellules souches réinjectées dans mes veines commençaient leur travail de réparation... Aujourd'hui, je vais bien et j'écris ce message pour dire merci à ceux qui m'ont aidé, sur terre comme au ciel. 

Si certaines personnes atteintes d'un myélome multiple passent par là, découragées, j'espère que ce message d'espoir les aidera à poursuivre leur traitement en ayant confiance. 

Je n'oublie pas qu'avant les avancées de la médecine, beaucoup ont été victimes de cette maladie du sang. Et que malgré les progrès des traitements, certains le seront encore.

Je n'oublie pas qu'être en rémission n'est pas forcément naviguer sur un long fleuve tranquille.

Je n'oublie pas que la vie vaut la peine de se battre. Et que l'amour est plus fort que tout...

samedi 14 septembre 2013

Le chemin de piano de Marie Anne Suzanne H.


Dans le catalogue Manufrance de 1900, on peut faire l'acquisition dans la rubrique accessoires pour piano de salon, d'un dessus de clavier en feutre avec broderies, cordonnet soie, non doublé, bords découpés en dent de rose, 120 x 15 cm.
Ou d'un autre plus luxueux, application satin serti et broderie ganse mercerisée sur peluche de soie, doublure satin piqué, 120 X 15 cm.

On apprend également dans ce catalogue, que des dessus de piano étaient également vendus, en velours, en satin, brodé, avec des franges, retombant sur les côtés.
C'était l'époque où les appartements étouffaient sous les tentures et où les meubles étaient rarement nus.

Voici l'unique exemple connu pour ma part d'un chemin de piano, sans doute fait main. Il repose sur les touches d'un piano Gaveau, demi queue et la personne qui nous l'a vendu était attachée à cette pièce textile qui appartenait à sa mère, Marie Anne Suzanne H. L'a t'elle réalisée elle-même ? Je ne le saurais jamais.
En tout cas, j'admire ce mélange de peinture et de broderie sur cette lourde feutrine. Je ne peux m'empêcher d'imaginer une jeune fille de jadis, reposant délicatement la douce couverture après avoir interprété une valse de Chopin...



Je vous invite à aller voir un autre modèle à broder d'un chemin de piano sur Broderie d'antan. Et si les brodeuses pianistes se remettaient à l'ouvrage ?


dimanche 8 septembre 2013

Petite promenade sur un chemin de piano

La confection de ma housse de harpe m'a donné l'idée de faire des recherches sur d'autres pièces textiles en relation avec les instruments de musique. Je vais aujourd'hui vous parler des protèges clavier, aussi nommés chemin de piano... ou chemin de clavier. Il semblerait que les pianos de jadis étaient livrés avec cette pièce de tissu protectrice, certainement marquée du nom du fabricant, Pleyel,  Gaveau... 
On peut toujours acheter cet accessoire de piano dans les magasins de musique : à l'origine en feutre, il peut être aujourd'hui en microfibre ou revisité dans des matériaux plus originaux comme sur le site A little market
 Il est bien utile pour éviter à la poussière d'envahir les claviers, surtout depuis que les pianos, synthétiseurs n'ont plus de couvercle. Mais autrefois, pourquoi s'embêter à placer cette pièce de tissu sur les touches, alors qu'il suffisait de baisser le couvercle ?

L'explication, je l'ai trouvée en regardant un tableau de Renoir, la Leçon de piano où une jeune fille exécute un morceau sur un piano droit. Et que voit-on ? Le couvercle du piano est bloqué par le pupitre. Il n'est donc pas aisé de descendre le couvercle après avoir joué. Il faut enlever la partition, faire pivoter le pupitre coincé entre deux flambeaux. Voilà l'explication : il était bien plus simple de replacer un protège clavier après avoir joué, comme sur l'image suivante !

Je suppose qu'ensuite, même sur les pianos avec un repose partition intégré au couvercle ou sur les pianos à queue, l'habitude était prise de mettre un protège clavier, et de fermer ou non le couvercle. 
D'autant plus que certains chemins de piano étaient de véritables pièces d'apparat, comme je le montrerai dans un article suivant...

vendredi 23 août 2013

Ex-libris à la harpe

J'aime les ex-libris, cela vous étonne ? Et quand ils déclinent le thème de la harpe, je suis comblée ! Voici quelques reproductions tirées de revues de décoration, de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle.

The Studio, dessin de Anning Bell.
La prose et la poésie... Des figures très préraphaélites.

Deutsche Kunst und Dekoration, 1899. Aquarelle par Emil Orlik.
Ex-libris du docteur Hugo Salus : un serpent s'enroule autour de la colonne de la harpe, en référence au caducée, il fallait oser !
Ex-libris de René M. Rilke, par Emil Orlik.
Ex-libris du poète allemand Rilke.
Deutsche Kunst und Dekoration, 1904. Dessin de Elfriede Wendtland.
Mon préféré : la harpe couchée sur le flanc laisse voir le nom de Marie Duca inscrit sur la console, la signature sur la colonne, une femme à demi-nue, le regard perdu, pose négligemment une main sur les cordes dont une semble s'être brisée à l'instant...


jeudi 15 août 2013

Dentelle végétale

Pas la peine d'être à quatre feuilles pour susciter mon admiration ! Ajourés par je ne sais quels insectes, ces trèfles sont magnifiques.


Une fragile dentelle créée par le hasard...

 Symbole irlandais, le shamrock fait référence à saint Patrick, celui-ci s'étant servi d'un trèfle à trois feuilles pour expliquer le principe de la Trinité chrétienne au roi Laoghaire, en 433.

samedi 10 août 2013

Mon citronnier



Offert par une amie venue me rendre visite durant mes longues heures de convalescence, j’ai été bien étonnée de voir comment ce citronnier se plaisait au soleil de mon jardin, une fois le mois de juillet revenu. Il était pourtant bien fragile cet hiver, perdant ses feuilles au moindre courant d’air. Il semble renaître à la vie en même temps que mes propres cellules. C’est assez troublant…
En le regardant, je me disais que ces bourgeons foisonnants me faisaient penser à quelque chose : les couronnes de mariée dont les fleurs d’oranger étaient en soie et les bourgeons en cire ! 

Un article très bien illustré et documenté sur le sujet, sur un blog découvert dernièrement et que je trouve très personnel : Matin Lumineux.
Matin Lumineux serait le nom du guide spirituel de cette blogueuse qui est aussi medium (ce qui est loin de me déplaire). Elle nous fait aussi découvrir des artistes insolites, elle-même étant artiste textile.

samedi 29 juin 2013

Corvée vaisselle

 Sur des torchons métis (chaîne pur coton, trame pur lin) fabriqués à Cholet en France, je me suis amusée à décliner mon monogramme. 
 Ce n'était pas facile car les fils étaient plus espacés en hauteur qu'en largeur. J'ai brodé la majeur partie des croix sur 2 fils /2 fils.
J'ai fait quelques essais de croix sur 2 fils /3 fils. Dans les deux cas, l'écriture est un peu déformée. Rien ne vaut la vraie toile à broder !

Il ne me reste plus qu'à ranger mon linge dans l'armoire en jolies piles élégantes.



samedi 8 juin 2013

Broder en poésie

Pour casser le rythme bien sage des abécédaires, j'ai décidé de parsemer ma housse de harpe de vers d'un poème d'Albert Sérieys.
 C'est long et fatigant de broder sur un fil et je n'en suis qu'à la deuxième strophe ! Mais le résultat en vaudra la peine, je pense...

J'aimerais remplir ma toile au maximum. Un peu comme nos sacs US d'ados qu'on griffonnait dans tous les sens ! S'y cotoyaient nos amitiés, nos amours, nos coups de coeur... Personnellement, je n'en avais pas un mais j'enviais mes copines qui osaient exhiber leur sac barbouillée. En ce temps là, on ne taguait pas encore les murs, ou si peu.

samedi 25 mai 2013

Portrait d'une harpiste dans Mansfield Park, de Jane Austen


Issue d’une famille miséreuse, Fanny Price est âgée de 10 ans quand elle adoptée par son oncle maternel, Sir Thomas Bertram. Accueillie dans le domaine de Mansfield Park, elle est élevée avec ses cousins Tom, Edmund, Maria et Julia, tous plus âgés qu'elle. Bientôt, de nouveaux jeunes gens venus de la ville arrivent dans les environs : Henry et Mary Crawford, frère et sœur de la femme du nouveau pasteur, le Dr Grant. Leur arrivée bouleverse la vie austère de Mansfield Park, sous les yeux de Fanny, qui vient d'avoir dix-huit ans.

Dans les chapitres 6 et 7, après avoir évoqué les difficultés du transport d’une harpe, Jane Austen laisse Marry Crawford s’exprimer sur son rapport à la musique puis la décrit jouant de son instrument.

Illustration de Mansfield Park, C.E. Brock, 1908
- Monsieur Bertram, dit-elle, j’ai enfin reçu des nouvelles de ma harpe. On m’assure qu’elle est arrivée à Northampton en bon état ; et elle est probablement là-bas depuis dix jours déjà, en dépit des assurances solennelles et contraires que l’on nous a si souvent données.

Edmund exprima sa surprise et sa satisfaction.
- Pour dire le vrai, reprit-elle, nos questions étaient trop directes ; nous avons envoyé un domestique ; nous y sommes allés nous-mêmes : cela n’est pas le bon procédé quand on se trouve à soixante-dix milles de Londres ; mais ce matin, nous en avons entendu parler comme il se doit. Elle a été aperçue par un fermier, qui en a parlé au meunier, puis le meunier en a parlé au boucher, et le gendre de ce dernier a laissé un message pour nous à la boucherie.
- Je suis très content que vous en ayez des nouvelles, quelque soit le moyen qui ait été employé ; et j’espère qu’elle arrivera sans plus tarder.
- Je devrais la recevoir demain ; mais comment croyez-vous qu’elle va être transportée ? Ni en chariot, ni en charrette ; oh non, nous n’avons pu louer aucune voiture de ce genre au village. J’aurais tout aussi bien pu réclamer des porteurs ou une charrette à bras.
- Vous rencontrerez, j’imagine, des difficultés pour louer un cheval et une charrette en ce moment, alors qu’on se trouve au beau milieu d’une fenaison très tardive.
(…)
- Je finirai un jour par comprendre vos usages ; mais en arrivant en ce lieu, armée d’une des maximes si prisées à Londres selon laquelle tout s’achète, je me suis sentie au début plus décontenancée par la vigoureuse indépendance d’esprit qui caractérise vos coutumes campagnardes. Néanmoins, il faut que je fasse prendre ma harpe demain. Henry qui est la générosité même s’est offert à aller la chercher avec sa calèche. N’est-ce pas pour elle un moyen de transport assez noble ?
Edmund dit que la harpe était son instrument de musique préféré et qu’il espérait être bientôt autorisé à voir Mlle Crawford en jouer. Fanny qui n’avait jamais entendu le son de la harpe, ajouta qu’elle désirait vivement, elle aussi, goûter ce plaisir.
- Je serais très contente de jouer pour vous deux, assura Mlle Crawford, du moins aussi longtemps qu’il vous plaira de l’écouter ; sans doute bien au-delà, même, car de mon côté, j’ai une passion pour la musique ; et là où les goûts sont par nature comparables, c’est l’interprète qui retire toujours le plus de satisfaction. Maintenant monsieur Bertram, si vous écrivez à votre frère, je vous demanderais de lui annoncer que ma harpe est bien arrivée, car je lui ai souvent confié combien j’en étais privée. Et vous ajouterez, je vous prie, que je vais répéter les mélodies les plus élégiaques dans l’attente de son retour, par compassion pour lui, car je sens que son cheval va perdre.
 (...) 

 L’attraction qu’exerçait Mlle Crawford ne diminua pas. La harpe arriva et ajouta encore à sa beauté, à son esprit et à sa bonne humeur, car elle se mit à en jouer avec la plus grande obligeance, un sens de l’expression et un goût qui lui allaient fort bien, et elle trouvait  toujours quelque remarque intelligente à faire à la fin de chaque morceau. Edmund se rendait au presbytère tous les jours pour se laisser aller à la joie d’entendre son instrument favori ; chaque matin lui assurait une invitation pour le lendemain, car la demoiselle ne pouvait être fâchée d’avoir un auditeur, et tout alla bientôt bon train.
Une jeune fille, aimable et vive, pinçant une harpe aussi élégante qu’elle, toutes deux placées auprès d’une porte fenêtre qui donnait sur une modeste pelouse, entourée de buissons couverts d’un touffu feuillage d’été, voilà qui était bien propre à gagner le cœur d’un homme. La saison, le cadre, l’atmosphère même favorisaient les tendres sentiments. Mme Grant et son tambour à broderie n’étaient pas non plus sans leur utilité ; tout n’était qu’harmonie (…).

samedi 11 mai 2013

La harpe (Albert Sérieys, Le jardin fermé)

Depuis plus d'un mois, je brode ce long poème sur ma housse de harpe : 

D’une forme d’aile d’ange
Qui s’éploierait en frissons
De murmures et de sons
Ineffables, elle échange,
Hymnes, avec vous des airs
Fluides, soyeux et clairs.


Il faut qu’une main de femme
Rôde à travers ce fouillis
D’ors mêlés de gazouillis,
Pour qu’au mieux vibre la trame
Nuancée, aux souples fils,
Des enchantements subtils,


Et c’est une broderie
Qui s’ébauche peu à peu,
Lumineuse dans le bleu
D’une poussière fleurie,
C’est comme un tapis flottant
Sur l’eau vierge d’un étang.


Et la source qui bruine,
Rafraîchissante rumeur,
Léthé du sous-bois charmeur,
Est encore moins enfantine,
Berce moins d’azur réel
Que la harpe au chant de ciel.
Poème idéal pour mon projet puisqu'il associe harpe et broderie. Je vous montre des images dès que j'aurais terminé la 2e strophe !

Angeli Laudantes, 1898 (tapisserie  Morris & co d'après Burne Jones)



vendredi 29 mars 2013

Couronne de printemps

 J'aime décorer ma maison au printemps. Cette année, j'avais envie d'accrocher une couronne sur ma porte. J'en ai trouvé une en branchage que j'ai décoré de petites fleurs en papier ou en tissus, de plumes, d'oiseaux... 



Il ne reste plus au printemps qu'à venir sonner chez moi !

Joyeuses fêtes de Pâques


mercredi 6 mars 2013

A vos mouchoirs



Merci à toutes celles qui participent à cet hommage en mouchoirs au Marquoir !

Non, ce n'est pas la fin de ce blog (ni la fin du monde). "A vos mouchoirs" est le titre de d'un texte écrit spécialement pour le dernier numéro du Marquoir que les abonnées ont du  recevoir. C'est une sorte de point d'orgue aux aventures de la mercière Béatrice et ses amies que je me suis amusée à raconter dans "Les mots brodés".

Et comme dans mon histoire, je vous invite à publier sur votre blog des photos de mouchoirs pour dire symboliquement au revoir au Marquoir. Et comme je suis une grande curieuse, merci de m'indiquer dans un commentaire si vous participez à cet hommage. Je suis certaine que ce sera très beau, un peu comme l'aventure des Fils en poussière !



A vos mouchoirs

La féerie de Noël s’était éteinte, guirlande après guirlande ; la mercerie semblait bien silencieuse en ce mardi matin d’hiver. Je serais bien partie me reposer quelques jours à la montagne, afin d’oublier toiles de lins et écheveaux…
Un important courrier que je n’avais pas eu le courage de traiter samedi dernier attendait sur le comptoir, à côté du fragile coupe-papier offert par le club de point de croix local. Seules les lettres d’amies ou de clientes méritaient son usage, les factures pourraient bien attendre quelques jours de plus. Certaines brodeuses m’envoyaient leurs vœux de nouvel an accompagnés de petits cadeaux faits main. Je me réjouissais comme une enfant en déchirant les enveloppes rembourrées de surprises ravissantes : accroches ciseaux, pochettes en patchwork, carnets… Tous ces petits riens inutiles qu’on échange entre passionnées et qui rendent perplexes les non initiées.
Je m’apprêtais à ranger les revues reçues dans le panier à journaux, quand soudain je le vis : le dernier numéro du Marquoir ! Son joli titre, rouge comme les abécédaires d’antan, était imprimé pour la dernière fois sur cette couverture glacée dont j’aimais tant la douceur. Je ne pensais pas être autant émue en déchirant le film plastique qui protégeait ce bulletin. Allais-je tout oublier et le dévorer debout, derrière mon comptoir ? Ou comme à mon habitude, attendre l’heure du thé pour m’installer à ma petite table bistro en compagnie d’un peu de lecture ? Après tout, je pouvais bien faire une pause dès maintenant.
Pendant que l’eau frissonnait dans la bouilloire, je songeais à tout ce que j’avais appris dans le Marquoir, à toutes les découvertes, rencontres que j’avais faites simplement en tournant ses pages. D’autres magazines avaient cessés de paraître et j’avais survécu. Il y avait des choses plus graves dans la vie que l’arrêt d’une revue, la dissolution d’une association. Il n’empêche, j’avais le cœur serré en parcourant l’éditorial.
Il me semblait deviner en filigrane la disparition de toute une époque. Rien ne dure, tout change, se transforme. Le monde est en perpétuelle métamorphose. Oui mais moi, Béatrice, mercière un peu trop idéaliste, quelle place allais-je garder dans ce monde instable ? Combien de temps allais-je pouvoir encore vivre mon rêve de chiffon ? J’étais triste à l’idée de mettre moi aussi, la clé sous la porte. Bientôt, peut-être. Trop tôt, sans doute.
Alors, pour chasser ma peine, éloigner mes angoisses, je me mis à refaire frénétiquement  ma vitrine. Il était temps de ranger les sapins enneigés. Je choisis d’exposer mon impressionnante collection de mouchoirs en dentelles ou à monogrammes brodés ; ce serait  ma manière de dire symboliquement au revoir au Marquoir, comme lorsque jadis on agitait ces morceaux d’étoffe au moment des grands départs.

Et puis rien de tel que la douceur d’un mouchoir pour essuyer ses larmes et repartir, consolée.

mercredi 13 février 2013

Ann Grove, enfin...

Je suis heureuse de venir à bout de ce long marquoir. Quel bonheur de broder cette belle demoiselle accompagnée de ses oies curieuses après les longs alphabets, l'immense frise.

 Il me reste à terminer le remplissage des fleurs du pourtour au point lancé et je pourrais passer à une autre composition pour remplir ma housse de harpe. J'ai déjà une petite idée...



mardi 22 janvier 2013

La renarde, Mary Webb


Hasard ou pas, j'ai acheté ce roman anglais qui semblait avoir été écrit pour moi : harpe et féerie y sont à l'honneur. Quelle émotion de découvrir une auteure que je ne connaissais pas encore, un univers personnel et original. Cela change des romans nombrilistes à la mode !
Ecrit en 1917, La Renarde est le deuxième roman de Mary Webb, un conte romantique et puissant dont l'intrigue se situe au coeur d'une nature mystérieuse. Hazel Woodus, jeune fille sauvage de dix-huit ans, vit avec son père dans la campagne anglaise. Il est harpiste, apiculteur et fabricant de couronnes mortuaires. Sa mère, bohémienne du Pays de Galles, est morte quand elle avait 14 ans, lui laissant un vieux manuscrit qui traite des charmes et sortilèges.
Amoureuse de la nature, elle aime vagabonder dans les bois en compagnie de sa renarde apprivoisée. Mais les bois, comme les terres environnantes, appartiennent à Jack Reddin, chasseur passionné. Les chemins de Hazel et Jack se croiseront donc, sans doute pour le pire. A moins que le révérend Marston, qui épouse Hazel, ne réussisse à éloigner la jeune femme de cette contrée...
J'ai adoré les personnages de cette histoire. Hazel, sorte de Fifi Brindacier perdue dans le monde des humains. Son père Abel, homme des bois solitaire.

Jamais Abel n’était plus heureux qu’aux moments où, assis comme un barde devant des ruches écumantes d’activité, il tirait de sa harpe, des sons qu’accompagnait le grondement voilé du labeur en train dans les rayons. Ses moyens d’existence étaient autant de joie pour cet homme. Il possédait le secret du bonheur en ce qu’il pouvait gagner de quoi se suffire en faisait ce qu’il aimait, il jouait de la harpe aux concours agricoles, aux bals de village, aux fêtes religieuses, aux mariages. Il vendait son miel et quelquefois ses abeilles. Il prenait plaisir à tresser des couronnes mortuaires, à jardiner, à menuiser, et toujours il avait à son horizon sa musique – un air nouveau à essayer sur sa harpe dorée, un arpège à combiner, une difficulté de virtuose à vaincre.

Tiraillée entre deux amours, entre la pureté ou la volupté, Hazel  se sert d'un sortilège de sa mère pour savoir quelle décision choisir : rester avec le révérend qui l'aime comme une icône ou retrouver les étreintes charnelles de Jack....

Muse en dalmatique jouant de la harpe, Ernest Hebert
Sa mère disait qu’avant une entreprise importante, il fallait interroger les harpistes. Le livre expliquait comment. On se rendait sur une colline solitaire et là, les yeux fermés, on écoutait. Si l’entreprise était bonne, un son de harpe vous parvenait de très loin, car, au sommet d’une colline violette, invisible aux humains, de petites créatures d’argent jouaient sur des harpes d’or. Elles jouaient du lever au coucher de la lune. Et quand le soleil montait, elles pleuraient de pitié pour ceux qui ne les avaient pas entendues. Si on les entendait, aussi faiblement que ce fût, c’était bon présage : on mènerait l’entreprise jusqu’au bout et sans larmes. Mais il fallait attendre patiemment et ne parler de rien à personne.  [...]
 Elle reprenait le chemin du presbytère quand une note de musique égarée, semblait-il, dans l’espace, résonna à son oreille. Puis, quelques notes encore, ténues, argentines, aspergèrent, en quelque sorte, le silence. L’air se perdait au loin, mais ces sons étaient sans aucun doute, des sons de harpe.
 -          Les fées ! murmura Hazel. Faudra que j’y aille !  [...] 
 Elle ne sut jamais que le harpiste n’était autre que son père qui revenait chez lui, après une des nombreuses assemblées où il se rendait en été, et qui s’accordait de fréquents repos, en raison de la bonne bière qu’il avait bue. Pauvre Hazel ! Sa brillante pléiade de fées était un ivrogne, et un caprice passager de cet homme venait de décider de son sort.

mardi 1 janvier 2013

Sagesse tzigane pour une nouvelle année


"Que ceux qui se lèvent à l'aube se rafraîchissent d'abord le visage, puis regardent au-dehors.
S'ils respectent le monde qu'ils voient, alors ils seront toujours satisfaits de leur vie.
Chaque chose en son temps, de la plus grande à la plus petite.
Si vous savez les apprécier toutes, alors vous serez heureux toute votre vie".

Extrait de : Sur ces chemins où nos pas se sont effacés : souvenirs d'une tzigane d'Alsace, Louise "Pisla" Helmstetter, éditions de la Nuée bleue.


Bonne année 2013 à vous tous...