samedi 30 avril 2016

Le marquoir de Catherine Jacquemin, 1851


Une amie de longue date m'a autorisé à publier certaines pièces remarquables brodées par quelques femmes de sa famille en Lorraine. Comme j'aurais aimé avoir un pareil héritage !

Voici son marquoir le plus ancien, environ 55 cm/55 cm, réalisé en laine sur canevas par son arrière arrière grand-mère du côté paternel, Catherine Jacquemin, née en 1831. Il est signé C. Jacquemin et semble être daté 1851 ou 1861 (?). Il correspond bien à la description d'un marquoir du Second Empire, avec ses frises fleuries et ses motifs foisonnants et l'intégration de modèles de tapisserie. Il ne possède aucun alphabet.
Il s'organise autour d'un axe central. Les motifs sont placés de part et d'autre de la croix (sorte de paysage de calvaire) mais surtout du médaillon central tenu par deux anges. Les motifs ne sont pas strictement symétriques, en miroir, et peuvent légèrement différer. Des frises végétales discontinues terminent l'ouvrage sur trois côtés (sur deux rangs, dans la partie supérieure), tandis que dans le bas, une toute petite frise géométrique souligne le registre inférieur, assez différent, un peu moins marqué par l'axe central.


 

Croix sur laquelle repose une couronne. Thème fréquent des marquoirs.


 

A gauche de la croix : couronnes fleuris, oiseaux, roses et frises florales variées. Notre brodeuse propose ici un véritable échantillon de frises florales. Elle brode quelques fleurs et en choisit d'autres, car rien n'est plus ennuyeux qu'une grande frise monotone à réaliser !

 

A droite de la croix : on retrouve les mêmes éléments mais qui diffèrent un peu. J'aime que ce ne soit pas une répétition symétrique exacte des motifs de gauche. Il y a même une couronne (celle avec les fleurs bleues) qui est inversée mais dans l'autre sens ! Tout cela est extrêmement vivant.

 

Au centre de la composition, je pense qu'il s'agit d'un calice sur son piédestal, par analogie avec d'autres marquoirs car ce motif n'est pas particulièrement lisible. Et les anges ressemblent à des insectes ! En fait, curieusement, le marquoir est uniquement brodé au demi point comme une tapisserie. C'est la première fois que je vois cela. Je sais qu'il existe des pièces avec du point de croix et des demi-points pour les motifs plus "réalistes". C'est surtout quand les points sont isolés que cela fait bizarre. Le nom semble comme hachuré !

De part et d'autre du nom, des éléments évoquent peut-être aussi le thème de la Passion (cop de saint Pierre, échelle des instruments de la Passion, bouteille de vinaigre ?) ou ne sont peut-être que de simples motifs pour remplir la toile, au gré des envies de la brodeuse. Comme les opulentes corbeilles de fruits, la frise de grecques...

 

Si les deux tiers du canevas sont occupés par des symboles religieux magnifiés par des fleurs (de Paradis ?), le tiers inférieur s'anime de présences humaine et animales et  semble s'inspirer d'autres modèles. Il y a une sorte de rupture par rapport au reste de la composition, même si un cœur sacré de Jésus marque encore l'axe central et rappelle le thème du sacré. Nous sommes là dans un registre profane évoquant la vie terrestre.

A droite, un paysan et son âne, ou un chasseur ? Une écrevisse géante !, un pommier, un papillon.  Au centre : Sacré cœur entouré de la couronne d'épines, cerf. A gauche, des lapins et un beau chêne.


















J'adore particulièrement cette écrevisse aussi grande que le chêne. Catherine Pouchelon possède un marquoir flamand de 1814, avec un homard. Rien n'est étonnant au pays des marquoirs. On a l'impression de se promener dans un monde onirique, né des rêveries de la brodeuse au fil de son ouvrage.



Merci Nat pour les photos et pour m'avoir autorisée à partager ce trésor de fantaisie, entièrement au demi point qui en fait, pour moi, une énigme et une rareté.

mardi 26 avril 2016

En parler ou pas ?


La maladie...


C’est toujours délicat de savoir s’il faut ou non en parler dans un blog. Où s’arrêter dans les confidences pour ne pas déranger les lecteurs qui viennent trouver des moments de paix et de légèreté en regardant des ouvrages de broderie ?
Mon blog a évolué avec moi ; il est de moins en moins une revue de réalisations car je ne brode plus autant qu'avant. Fatiguée, je défais pas mal en ce moment. 

Il y a d’autres urgences dans ma vie, notamment celle d’accepter une rechute du myélome multiple dont je vous avais déjà parlé en 2013. C’est quelque chose d’assez inévitable avec ce cancer du sang mais je ne m’y attendais pas si tôt, déjà. Je me sentais si bien avant de nouvelles attaques osseuses, la plus grave étant celle de ma jambe droite (tibia et fibula).

Aujourd’hui, j’ai décidé de créer une nouvelle rubrique consacrée à la manière dont je positive cette aventure (quand j’y arrive). Si une seule personne touchée par le myélome trouve dans mes confidences de l’espoir, de l’énergie, mon but sera atteint. Je ne prétends pas être un modèle. J’ai des jours de découragement, de doute, de ras le bol, de « à quoi bon » mais ceux-là n’appartiennent qu'à moi et finissent par passer comme de sombres nuages. Et le soleil revient toujours. Même s’il est un peu pâle, parfois.

J’éviterai donc ruminations ou informations trop médicales pour  ne m’en tenir qu’à ce qui m’aide à tenir. Et peut aider d’autres malades à trouver leurs propres ressources.

Pour commencer, je partage avec vous, le beau regard bleu de Bourvil, emporté par cette maladie à une époque où les traitements étaient atroces, pas au point.  
C’est à cet acteur tendre, espiègle, magnifique que je dédicace ma nouvelle rubrique : Myélome, multiple et singulier.


Car si le myélome est multiple (multiple car la moelle osseuse peut attaquer n’importe quel os), il importe à chacun de nous d’en faire une expérience singulière, personnelle.

mardi 19 avril 2016

Une cathédrale de prières

C’est une cathédrale en cire que l’on m’a offerte, rose comme le grès dont elle est bâtie. Elle ressemble presque à un délicieux massepain. Je croyais même qu’elle était en chocolat au départ ! Les traitements qui m’aident à aller mieux ne m’ont pas rendu moins gourmande.
Tout le monde aura reconnu la cathédrale de Strasbourg, avec sa flèche unique qui semble indiquer le chemin de nos prières.
Je n’ai pas l’intention de faire brûler cette bougie mais je la contemple tous les jours sur mon petit oratoire et elle m’aide à garder le cap, à ne pas perdre le nord.
Merci Frédérique pour cette délicate et originale attention.

dimanche 10 avril 2016

Vingt ans !



 
Une bougie = 2 ans !
 A ma douce fille,

Quelque part dans une clinique strasbourgeoise, une nuit de pleine lune, la sensation du poids de ton corps d’enfant posé sur mon ventre. Notre première rencontre charnelle tandis que ton père venait nous rejoindre en écoutant Léo Ferré : « C’est extra ! ».
Souvenir de ton petit ronronnement de chat quand tu cherchais mon sein pour boire ton premier nectar. Cette force extraordinaire d’une vie qui commence.
Tous trois enfin réunis, nous écoutions la douce musique des oiseaux réveiller le jour, ivres de bonheur et de fatigue.

Rose éclose avant l’aurore, il t’arrive maintenant de rentrer te coucher à l’heure de ta naissance. La roue tourne, la vie n’est qu’une suite de métamorphoses. Te voilà désormais une jeune adulte décidée (même si tu restes encore parfois mon bébé, ma bibiche, ma petite…).

Curieusement cette région natale que tu as quittée trop tôt, occupe aujourd’hui toute la surface de ta faluche de jeune étudiante de médecine sous la forme de jolis rubans rouges et blancs. Ils sont comme le symbole de tes racines à partir desquels ton arbre continue de s’épanouir à chaque instant.

Faluche = béret d'étudiant
 Ce sont les nouveaux bourgeons qui comptent désormais, ici et maintenant.
Et les belles fleurs de tes vingt ans…

 Ta maman qui t’aime.

vendredi 1 avril 2016

Entre amies

 Papoter à l'heure du thé avec une amie et pour la remercier d'être venue, lui offrir un motif brodé rien que pour elle. Trouvé dans un de mes livres sur les sampler, réalisé avec des fils de soie et monté en coussinet à suspendre.

Merci à la vie pour ces petits riens qui font tellement de bien....