dimanche 21 décembre 2008

Maison en terre picarde

Je vis dans une maison qui de 1978 à 2000 était celle du poète Ivar Ch'Vavar.


Un artiste que j'ai appris à connaître depuis. Avec sa femme Dominique, ils sont restés précieux à mon coeur.
Il y a deux ou trois ans, j'ai joué de la harpe celtique à une après-midi poétique qu'ils donnaient pour leurs amis. Un moment inoubliable. Mais c'est sans doute la dernière fois que je jouais en public tellement cela m'a impressionnée !

Ivar Ch'vavar écrit en langue picarde mais pas seulement. Je voulais lui rendre hommage et marquer symboliquement son passage dans notre maison.
Cela me plaisait de broder du picard car c'est une langue qui me rappelle le patois de ma grand-mère, du côté du Val de Villé. J'ai été heureuse de trouver dans son oeuvre un poème qui parlait de maison, d'aiguilles et de lourds tiroirs même si le reste est un peu obscur !


Moézon

chés doèts d'noùs t:êtes a floesse rache
s'aclotant dsu chés roses
ed fu
...afiques, adjules, agrapes
agreuhé-yes din chés tiloès chés lourds
tiloés, ablouques, coérions...
pi chés tayons a zius blancs
is balonchoè't' lù minton
chés raùts-bayés din lù-z oeréles
foes soùles dzeur lùs t:êtes

Maison

les doigts de nos têtes à molle rage
s'agglutinant sur les roses
...épingles, aiguilles, fibules
engourdies dans les tiroirs les lourds
tiroirs, boucles, cordons...
et les aïeux aux yeux blancs
balançaient le menton *
les loirs dans dans leurs oreilles
faux soleils sur leurs têtes

* baloncheu-ye sin minton : manger
L'Invention de la Picardie, 9


Les maisons amiénoises sont traversées par un long couloir très étroit dans lequel il est bien difficile de placer des meubles, mêmes petits. Impossible de mettre le compteur de l'entrée dans un placard. J'ai donc eu l'idée de fabriquer un habillage en lin d'ameublement et d'y broder mon poème. C'est difficile à photographier mais je pense que l'on peut se faire une idée du résultat.



Pourquoi un petit crabe juste à côté du nom ? Tout simplement parce que Ch'Vavar veut dire crabe en berckois.

Si vous désirez en savoir plus sur ce poète, les éditions Flammarion viennent de republier sa revue le Jardin ouvrier (magnifique titre, je trouve) et le numéro 78/79 de la revue Plein Chant lui est consacré.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

heureusement tu as traduit le poëme !
C'est très beau ce que tu as fait ! Un véritable hommage !

Anonyme a dit…

Tu veux que je te dise, du picard de ma grand-mère il ne me reste que "c'est chtiot quinquin qu'a queu" et encore je ne suis pas certaine de l'orthographe.
Ah si un jour tu pouvais me montrer des photos de Amiens et ses hortillonnages, un endroit où je ne sais pas s'y j'y retournerai un jour.
ce que tu as brodé une un bel hommage pour cet homme.
Bisous.

Anonyme a dit…

Magnifique et bel hommage !
J'aime beaucoup !

à bientôt

Laurence.

Anonyme a dit…

comment fais tu pour ce genre d'ouvrage ? Tu fabrique une grille avant ? Je suouhaite broder un long poème depuis des années sans jamais me lancer ....