mercredi 10 août 2016

Retour d'aplasie

 Patio du service d'hématologie : quand enfin, on a le droit de sortir dans les couloirs !


Cette impression de revenir de loin, d’un drôle de monde clos avec les globules presque à zéro et le moral pas mieux.

Même si je savais que tout allait repartir (tôt ou tard), j’éprouvais une sorte de vertige à me sentir si faible, angoissée à l’idée de succomber à la moindre bactérie.

Tout ça parce qu’avant que les cellules souches de l’autogreffe fassent leur travail de restauration de la moelle osseuse (notre fabuleuse fabrique du sang) il me fallait survivre à la forte chimiothérapie subie deux jours avant.

Avant de planter de nouvelles graines, il est normal d’enlever d’abord les mauvaises herbes qui pourraient compromettre la récolte future. Et à l’hôpital, le «désherbant » utilisé ressemble plus à du Roundup qu’à du purin d’ortie bio. Il détruit tout. Même les abeilles.

Mon corps, mon cerveau semblent encore tiraillés entre les dégâts de la chimiothérapie et les réparations de l’autogreffe. Une sorte de lutte entre la vie et la mort où je me sens encore un peu chamboulée. Surtout qu’à l’hôpital, dans l’urgence de faire sortir les patients le plus vite possible d’aplasie, ils utilisent les grands moyens : transfusions de globules rouges, de plaquettes, injection de granocytes, pressions pour continuer à manger coûte que coûte. La lutte pour la vie ne peut pas se faire dans la dentelle. Je savais que cet acharnement était pour mon bien mais cela m’a un peu traumatisée.


Alors, je reprends tout doucement mon souffle. J’essaie d’oublier et parfois aussi de me rappeler, pour remercier dans le silence de mon cœur, ceux qui essaient de me sauver. Les chercheurs, les médecins, les infirmiers, les psychologues…

Et puis la vie m’envoie des signes. Des découvertes. Des émotions.

La voix de Bashung qui me happe littéralement. Alors qu’il se sait condamné, il semble habité par une incroyable sérénité. Cette énergie lumineuse, d’où vient-elle ?

Le témoignage du combat de Lydie sur France Culture (Les pieds sur terre) luttant durant 12 ans contre trois tumeurs au cerveau. En essayant de rester vivante, belle et joyeuse.

La découverte du livre de Mathias Malzieu, chanteur du groupe Dionysos, Journal d’un vampire en pyjama, relatant son aplasie médullaire. Son univers poétique, enfantin comme bouclier contre la maladie. Son expérience proche de la mienne mais en bien pire !

La rencontre d’autres malades avec d’autres cancers que le mien.

Toutes ces souffrances, tous ces courages qui m’aident à rester humble et à accepter de ne pas en avoir tout à fait fini avec la maladie...


Et d’essayer de vivre le mieux possible, sans me poser trop de questions.


Retour à plus de légèreté dès le prochain article...;-)



3 commentaires:

nicolbrod39 a dit…

ton vécu trouve des résonances chez moi, des moments difficiles à vivre, et l'envie de continuer, malgré tout !
bon courage et prends soin de toi !

nicolbrod39 a dit…

un petit bonjour, ce matin, prends soin de toi, amitiés,

Chere Jeanne a dit…

J'etais dans l'attente de vos nouvelles...Je lis que "c'est reparti "...et je suis bien contente' pour vous et pour tous ceux qui vous aiment !
J'ai un grand sourire aujourd'hui ! Battez-vous !