Aidons-nous mutuellement,
La charge des malheurs en sera plus légère ;
Le bien que l'on fait à son frère
Pour le mal que l'on souffre est un soulagement.
[...]
L'aveugle et le paralytique, Jean-Pierre Claris de Florian (1755-1794)
Se retrouver entre patients du myélome,
c’est toujours un peu comme se retrouver entre membres d'un club privé. Nous
avons notre langage d’initiés. « Vous avez combien de milligrammes de
Velcade aujourd’hui ? ». « Vous n’avez pas trop de
neuropathies ? ».
On se soutient, on s’écoute mais très vite, mon ego s’en
mêle, s’emmêle et je ne peux m’empêcher de faire des comparaisons, voire de
porter des jugements parfois. Ce monsieur qui fume comme un pompier a eu une
rémission plus longue que la mienne. Oui, mais sa femme l’a quitté en 2010 à
cause de sa maladie et physiquement, il souffre bien plus que moi. Finalement
qui de nous deux a eu le plus de chance ?
J’arrive mieux désormais à
déjouer les pièges de mon ego qui, anxieux, pas sûr de lui, en rajoute pour me
faire croire qu’il a réponse tout et me rassure faussement. Et peu à peu
j’arrive à le faire taire pour me concentrer sur l’essentiel : me réjouir
pour ceux qui vont bien, ont de bonnes réponses au traitement (finalement,
c’est aussi une bonne nouvelle pour tous), sourire à ceux qui vont mal, les
écouter avec compassion mais sans ramener leur détresse à la maison (ça s’est
encore un peu dur pour moi).
Et surtout ne pas ruminer sur cette maladie qui est notre
compagne désormais, nous laisse
tranquille un moment avant de se réveiller à nouveau, nous obligeant à recommencer le cycle des traitements, toujours aussi lourds pour l’instant. Mais tout est relatif.
Hier, dans la salle d’attente, une femme patientait avant sa
chimiothérapie. Cancer généralisé d’après la description qu’elle me faisait de
ce qu’elle avait subi, de ce qui l’attendait.
A côté de cela, nos autogreffes de malades du myélome ressemblent à une simple étape à passer. Dont j’essaie de ne pas trop parler devant ceux
pour qui c’est encore l’inconnu. Et s’ils me posent des questions, j’essaie de
mettre en avant, les côtés les moins durs de la période d’aplasie.
Tout finit toujours par passer… et demain est un autre jour.
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Le nouveau CHU d'Amiens, hall d'accueil
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Une photo du magnifique blog d'Annick que je découvre aujourd'hui, avec plein de très belles autres photographies d'Amiens.