Une
amie de longue date m'a autorisé à publier certaines pièces
remarquables brodées par quelques femmes de sa famille en Lorraine.
Comme j'aurais aimé avoir un pareil héritage !
Voici son marquoir le plus ancien, environ 55 cm/55 cm, réalisé en laine sur canevas par son arrière arrière grand-mère du côté paternel, Catherine Jacquemin, née en 1831. Il est signé C. Jacquemin et semble être daté 1851 ou 1861 (?). Il correspond bien à la description d'un marquoir du Second Empire, avec ses frises fleuries et ses motifs foisonnants et l'intégration de modèles de tapisserie. Il ne possède aucun alphabet.
Il s'organise autour d'un axe central. Les motifs sont placés de part et d'autre de la croix (sorte de paysage de calvaire) mais surtout du médaillon central tenu par deux anges. Les motifs ne sont pas strictement symétriques, en miroir, et peuvent légèrement différer. Des frises végétales discontinues terminent l'ouvrage sur trois côtés (sur deux rangs, dans la partie supérieure), tandis que dans le bas, une toute petite frise géométrique souligne le registre inférieur, assez différent, un peu moins marqué par l'axe central.

Croix sur laquelle repose une couronne. Thème fréquent des marquoirs.

A gauche de la croix : couronnes fleuris, oiseaux, roses et frises florales variées. Notre brodeuse propose ici un véritable échantillon de frises florales. Elle brode quelques fleurs et en choisit d'autres, car rien n'est plus ennuyeux qu'une grande frise monotone à réaliser !
A droite de la croix : on retrouve les mêmes éléments mais qui diffèrent un peu. J'aime que ce ne soit pas une répétition symétrique exacte des motifs de gauche. Il y a même une couronne (celle avec les fleurs bleues) qui est inversée mais dans l'autre sens ! Tout cela est extrêmement vivant.
Au centre de la composition, je pense qu'il s'agit d'un calice sur son piédestal, par analogie avec d'autres marquoirs car ce motif n'est pas particulièrement lisible. Et les anges ressemblent à des insectes ! En fait, curieusement, le marquoir est uniquement brodé au demi point comme une tapisserie. C'est la première fois que je vois cela. Je sais qu'il existe des pièces avec du point de croix et des demi-points pour les motifs plus "réalistes". C'est surtout quand les points sont isolés que cela fait bizarre. Le nom semble comme hachuré !
De part et d'autre du nom, des éléments évoquent peut-être aussi le thème de la Passion (cop de saint Pierre, échelle des instruments de la Passion, bouteille de vinaigre ?) ou ne sont peut-être que de simples motifs pour remplir la toile, au gré des envies de la brodeuse. Comme les opulentes corbeilles de fruits, la frise de grecques...

Si les deux tiers du canevas sont occupés par des symboles religieux magnifiés par des fleurs (de Paradis ?), le tiers inférieur s'anime de présences humaine et animales et semble s'inspirer d'autres modèles. Il y a une sorte de rupture par rapport au reste de la composition, même si un cœur sacré de Jésus marque encore l'axe central et rappelle le thème du sacré. Nous sommes là dans un registre profane évoquant la vie terrestre.

J'adore particulièrement cette écrevisse aussi grande que le chêne. Catherine Pouchelon possède un marquoir flamand de 1814, avec un homard. Rien n'est étonnant au pays des marquoirs. On a l'impression de se promener dans un monde onirique, né des rêveries de la brodeuse au fil de son ouvrage.

Merci Nat pour les photos et pour m'avoir autorisée à partager ce trésor de fantaisie, entièrement au demi point qui en fait, pour moi, une énigme et une rareté.
Voici son marquoir le plus ancien, environ 55 cm/55 cm, réalisé en laine sur canevas par son arrière arrière grand-mère du côté paternel, Catherine Jacquemin, née en 1831. Il est signé C. Jacquemin et semble être daté 1851 ou 1861 (?). Il correspond bien à la description d'un marquoir du Second Empire, avec ses frises fleuries et ses motifs foisonnants et l'intégration de modèles de tapisserie. Il ne possède aucun alphabet.
Il s'organise autour d'un axe central. Les motifs sont placés de part et d'autre de la croix (sorte de paysage de calvaire) mais surtout du médaillon central tenu par deux anges. Les motifs ne sont pas strictement symétriques, en miroir, et peuvent légèrement différer. Des frises végétales discontinues terminent l'ouvrage sur trois côtés (sur deux rangs, dans la partie supérieure), tandis que dans le bas, une toute petite frise géométrique souligne le registre inférieur, assez différent, un peu moins marqué par l'axe central.

Croix sur laquelle repose une couronne. Thème fréquent des marquoirs.

A gauche de la croix : couronnes fleuris, oiseaux, roses et frises florales variées. Notre brodeuse propose ici un véritable échantillon de frises florales. Elle brode quelques fleurs et en choisit d'autres, car rien n'est plus ennuyeux qu'une grande frise monotone à réaliser !

A droite de la croix : on retrouve les mêmes éléments mais qui diffèrent un peu. J'aime que ce ne soit pas une répétition symétrique exacte des motifs de gauche. Il y a même une couronne (celle avec les fleurs bleues) qui est inversée mais dans l'autre sens ! Tout cela est extrêmement vivant.

Au centre de la composition, je pense qu'il s'agit d'un calice sur son piédestal, par analogie avec d'autres marquoirs car ce motif n'est pas particulièrement lisible. Et les anges ressemblent à des insectes ! En fait, curieusement, le marquoir est uniquement brodé au demi point comme une tapisserie. C'est la première fois que je vois cela. Je sais qu'il existe des pièces avec du point de croix et des demi-points pour les motifs plus "réalistes". C'est surtout quand les points sont isolés que cela fait bizarre. Le nom semble comme hachuré !
De part et d'autre du nom, des éléments évoquent peut-être aussi le thème de la Passion (cop de saint Pierre, échelle des instruments de la Passion, bouteille de vinaigre ?) ou ne sont peut-être que de simples motifs pour remplir la toile, au gré des envies de la brodeuse. Comme les opulentes corbeilles de fruits, la frise de grecques...


Si les deux tiers du canevas sont occupés par des symboles religieux magnifiés par des fleurs (de Paradis ?), le tiers inférieur s'anime de présences humaine et animales et semble s'inspirer d'autres modèles. Il y a une sorte de rupture par rapport au reste de la composition, même si un cœur sacré de Jésus marque encore l'axe central et rappelle le thème du sacré. Nous sommes là dans un registre profane évoquant la vie terrestre.
A droite, un paysan et son âne, ou un chasseur ? Une écrevisse géante !, un pommier, un papillon. Au centre : Sacré cœur entouré de la couronne d'épines, cerf. A gauche, des lapins et un beau chêne.

J'adore particulièrement cette écrevisse aussi grande que le chêne. Catherine Pouchelon possède un marquoir flamand de 1814, avec un homard. Rien n'est étonnant au pays des marquoirs. On a l'impression de se promener dans un monde onirique, né des rêveries de la brodeuse au fil de son ouvrage.

Merci Nat pour les photos et pour m'avoir autorisée à partager ce trésor de fantaisie, entièrement au demi point qui en fait, pour moi, une énigme et une rareté.