samedi 7 juin 2014

Malgré lui



Raymond, vers 20 ans
Raymond, vers 20 ans
Raymond Verdun, né le 10 septembre 1922 à Lalaye-Bas-Rhin. Incorporé de force dans l'armée allemande, le 8 octobre 1942, à l'âge de 20 ans. Porté disparu par son unité le 14 septembre 1944 près de Nowogrod, dans la région de Radom/Pologne (sans doute Novgorod, près de Leningrad). Déclaré mort par jugement du tribunal de Colmar, le 10 juillet 1956.

En 1945, un medium retrace ses dernières heures : "affecté dans une ambulance comme conducteur, a été au début très heureux mais au moment du recul des armées allemandes, son travail doubla pour le transport des blessés. En service, blessé lui-même, mais fort légèrement, cependant par attaque aérienne. Se replie, réussit à ramener son équipage chargé. Reçoit une décoration pour son acte de bravoure et repart comme brancardier chef. A la première attaque, est blessé grièvement par balle. Laissé sur le terrain, de là je ne puis suivre sa trace".

Le fameux D-Day, 6 juin 1944, il écrit à sa mère Marceline dont le 2e fils plus âgé vient aussi de partir soldat : " je vais encore essayer de faire une demande de permission, j'en ai déjà parlé à un chef et il m'a dit qu'il ferat son possible afin de m'aider. Enfin si tout va bien, je pourrais arriver d'ici quelques semaines. Enfin chère maman, ne te fais pas de bille, prends le temps comme il vient, car je crois que la guerre sera bientôt finit, et alors nous reviendrons tous à la maison pour toujours ?".

En 2011, j'ai fait don aux archives départementales du Bas-Rhin de ces archives familiales, sous les cotes 100 J 434-435. Pour préserver cette mémoire au-delà de ma propre vie.
Quelques lettres de sa fiancée
Lettres de sa fiancée
 Hier, en regardant la commémoration du D-Day, j'étais triste, révoltée de me dire que le jeune frère de ma grand'mère était mort quelques mois après le débarquement, dans une armée qu'il n'avait pas choisie pour un pays qui n'était pas le sien. Il était alsacien mais ne parlait pas le dialecte et n'y comprenait rien à l'allemand.

La preuve  : les services de propagande allemande avaient été obligés de fournir aux habitants du Val de Villé, un ouvrage pour leur apprendre à parler allemand. Je l'ai également confié aux archives départementales. Un outil pédagogique incroyable ! Après la guerre, il servait à caler un établi dans le garage de ma grand'mère, sans cela, je crois qu'il aurait été détruit !



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Un système ingénieux avec calque
Portrait qui ressemble à celui d'Hitler ?
Bonjour se dit quand même Heil Hitler !

4 commentaires:

johala a dit…

Chère Hélène
Tu sais combien ce genre d'histoire peut me toucher et je suis trés émue par ton post.
Hélas, combien de jeunes hommes ont du subir le même sort en Alsace-Lorraine???
Les Alsaciens et les Lorrains ont hélas une histoire bien mouvementée.
En 14-18, là, ils ont été en grande partie "déportés" (hommes, femmes et enfants) dans des camps de prisonniers...dans les Hautes-Pyrénées, à Garaison. Parmi eux, un certain Dr Schweitzer bien connu pour son travail de médecin au Gabon. Dans le camp, il s'est porté volontaire pour servir de médecin et soigner les personnes prisonnières.
Bisous

Chere Jeanne a dit…

Bonjour, je suis ton blog depuis quelques années car quand j'habitais en Bielorussie j'ai moi meme ecrit un blog ( http://cherejeanne.blogspot.com/ )
et j'aime bien ce que tu écris.
Radom est bien en Pologne mais n'a rien à voir avec Novograd qui se trouve en Russie. En réalité il existe plein de Novograd qui signifie en russe " Ville nouvelle"
("novi gorod").
C'est très emouvant de te lire aujourd'hui car mon grand'père était lorrain mais lui a été prisonnier des allemands.
Je t'embrasse
Chère Jeanne

Rosa a dit…

Je suis frappé pour cet histoire, moi, j´ai le lettres de mon papa qui avait parti avec les Brigadistes a España. C´est émouvent. Sont ces jeunes homes qui han ecrit l´Histoire pour nous. Merci beaucoup pour ce trés important document. Amicalment.




Hélène Flont , french illustrator a dit…

Bonjour Hélène,
Je parcours votre blog, venant de chez Joëlle, et m'arrête particulièrement sur ce billet. J'ai habité Sélestat pendant 6 ans, ma voisine , une dame très âgée fut comme tous dans la région , marquée par cette division tragique et soudaine au sein des familles par l'enrôlement des Malgré nous. L'histoire de la guerre y est encore très vivace et je fus heureuse qu'elle me l'ait conté des heures durant et je suis heureuse d'y repenser aujourd'hui grâce à votre billet.