mercredi 16 septembre 2009

Abc à l'alsacienne


Fils Soies de Marie sur lin

Voici l'abécédaire que j'ai imaginé pour la troisième arrière grand-mère de ma fille. Pour le réaliser, je me suis plongée dans l'histoire de ma région natale.

Maria-Louise, ma grand-mère paternelle, est née en 1901, en pleine annexion allemande (d'où la présence du prénom Maria. Par la suite, elle ne conservera que celui de Louise). En ce temps-là, un modèle unique de marquoir semblait être diffusé dans les écoles comme l'attestent les échantillons conservés au musée alsacien de Strasbourg. En 1906, une publication destinée à l'enseignement des travaux manuels, éditée pendant l'annexion de l'Alsace à l'empire allemand, présente ce modèle imposé et qui perdure bien après 1918.

Comme on peut le voir, les caractères utilisés ne sont pas ceux de l'écriture gothique, mais de la cursive dite "anglaise". L'absence de la lettre J (assimilée au I en allemand) et la présence du W (peu usitée en France), permettent d'affirmer que les brodeuses pratiquaient l'allemand plutôt que le français. La série de chiffres de 1 à 0 est présente dans l'une ou l'autre police (latine ou anglaise), voire les deux sur les pièces les plus anciennes.

L'abécédaire débute par sept rangées de motifs brodés au point de croix, prenant la forme d'un exercice progressif :
  1. demi-point de croix vers la droite
  2. demi-point de croix vers la gauche
  3. points de croix alignés
  4. points de croix en quinconce
  5. points de croix agencés en motif de chaînette
  6. points de croix agencés en motif de feuille
  7. points de croix agencés en motif de vagues ou "chiens courants"

La brodeuse est identifiées par ses initiales, rarement par ses noms et prénoms. Personnellement, j'ai préféré mettre son nom en entier (car ces abécédaires constituent une sorte d'arbre généalogique féminin léguée à ma fille).
L'année de confection est presque toujours indiquée. Pour les trois abécédaires déjà réalisés, j'ai décidé d'indiquer toujours l'année de leur 9 ans, d'où la présence de l'année 1910.


Sommaire et standardisé, le décor se compose de trois volutes doubles situées au bas de la toile.

Les bords sont le plus souvent terminés par un point de chausson en rouge. Comme je suis incapable de comprendre ce point, j'ai fait un simple ourlet (déjà bien assez difficile pour moi !).

Voilà. Mon abécédaire est terminé et ressemble comme deux gouttes d'eau à celui de Joséphine, publiée dans le catalogue de l'exposition de 2004. Mission clonage parfaitement accomplie !




Source de l'article : catalogue de l'exposition Broder sans compter. L'art de la broderie en Alsace du 16e siècle au 20e siècle (2004).

7 commentaires:

sylvie a dit…

et bien je peux te dire que tu as une sacrée imagination... car ... comme je te l'ai dit j'ai un rouge qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau hihihi et pas un faux !!!Ca c'est pas banal hein?

Hélène a dit…

Pas compliqué, il suffit de suivre les instructions. C'est ça la discipline germanique !!!

Emmanuelle a dit…

Un petit rouge d'une ravissante simplicité, il est très joli!
Bises

Anonyme a dit…

Vraiment très beau !

Isabelle a dit…

Quel travail ! L'expression anglaise "labour of love" prend tout son sens avec ton oeuvre.
Bravo !

Anonyme a dit…

Tu as eu là une excellente idée et le résultat est superbe! En tout cas, ça devrait motiver d'autres brodeuses qui pourraient suivre ton exemple et personnaliser ainsi leurs propres marquoirs à partir de modèles anciens...

A bientôt
Gaëlle

yopili a dit…

Salut je m´apelle Pili, je suis Espagnole. Pendant les années 1964 à 1968, j´habité en Alsace, à Wittishein,près de Sélestat. J´ai fait un travail excatement commme celui-ci. Je l´avait perdue, et je voulait le faire de nouveau. Merci, maintenet je peut le faire!