Comme j’aime connaître l’histoire des objets (ou à défaut les inventer), j’ai interrogé la dame de la boutique. Elle m’a dit que l’ensemble provenait d’une même armoire. Je ne sais pas pourquoi, j’ai alors également acheté le tout petit marquoir, pourtant bien miteux. Une impulsion qui ne m’a coûté que 5 euros, heureusement. Mon mari était un peu perplexe mais n’a pas cherché à comprendre !
De retour chez moi, je me suis amusée à essayer la chemise. Fabriquée à la machine, elle m’impressionne par sa largeur et son poids.
Je me demande si on portait d’autres vêtements par dessus et si on pouvait vraiment bouger avec une telle armure sur le dos. Le lin est serré (peut-être est-ce du chanvre plutôt que du lin) et difficile à broder car on arrive guère à voir la trame. Le monogramme AG est malgré tout parfaitement brodé, à l’endroit comme à l’envers.
Certains trousseaux étaient-ils brodés par des professionnels ? L’autre monogramme AR avait l’air tellement plus artisanal (d’ailleurs, j’aurais aussi dû acheter une chemise de cette série-là).
Le marquoir est brodé sur le même tissu très serré et la petite Annette Flory, a eu bien du mal à former ses lettres. Annette ! Je suis presque sûr que les chemises monogrammées AR étaient les siennes (d’ailleurs, elle n’avait guère fait de progrès en broderie !!!). Pourquoi y a-t-il un R et non un F en deuxième position ? Etait-ce son nom de femme mariée ? J’avoue ne pas trop connaître les us et coutumes des trousseaux de jadis. Quant à savoir qui était MG par rapport à AR... Les blouses semblaient dans le même état de conservation.
Modeste et émouvant marquoir que celui d’Annette. J’ai eu du mal à déchiffrer le nom de Flory mais je ne pense pas m’être trompée. Le temps, étrangement, a effacé le nom et préservé l’alphabet. De taille modeste (16 X 11 cm), il ressemble un peu à un marquoir anglais, structuré par des lignes (mais l’absence du W, atteste cependant une provenance française). Pas de croix de Dieu mais une croix termine l'alphabet et une autre sépare le prénom du nom. Les lettres sont hésitantes, les croix mal formées et pas toujours dans le même sens, l’arrière comporte des noeuds. Plié dans une boîte à ouvrage de fortune remplie de fils perlés, il a cependant été conservé comme quelque chose de précieux. Jusqu’à atterrir chez un brocanteur, où, heureusement, je passais par là. Mais cela aurait aussi pu être l’une d’entre vous…
Par curiosité, j'ai tapé le nom d'Annette Flory dans Google et j'ai trouvé une américaine née en 1869 à Decatur dans l'Iowa qui portait le même nom. Etonnant, non ?
Si quelqu'un connait un ouvrage un peu sérieux sur les trousseaux de jadis, je suis preneuse.